Djibouti fait face à une crise alimentaire majeure, avec 221 000 personnes, soit 19 % de la population, en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Un récent rapport publié par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) tire la sonnette d’alarme sur la situation catastrophique dans ce petit pays de la Corne de l’Afrique.
Selon ce rapport, rendu public en juin 2024, environ 183 000 personnes se trouvent en situation de crise alimentaire (Phase 3 de l’IPC IAA), tandis que 38 000 sont en situation d’urgence (Phase 4), ce qui signifie qu’elles risquent de mourir de faim sans une intervention rapide. Cette étude, menée par une équipe de 22 experts internationaux, inclut également le soutien de l’UNICEF et du ministère djiboutien de la Santé.
Une politique de privation délibérée
La crise alimentaire à Djibouti est exacerbée par une politique gouvernementale jugée répressive. Le président Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis plusieurs décennies, est accusé de mener une politique d’affamement systématique. Le rapport mentionne que de nombreux Djiboutiens vivent avec moins d’un dollar par jour, sans accès régulier aux produits alimentaires de base. Cette situation précaire est aggravée par la hausse des prix des denrées alimentaires et un pouvoir d’achat en chute libre.
« Reer jabuuti gaajaa lagu xakuma » (« Le peuple de Djibouti est dirigé par la faim »), une citation attribuée à Ismaïl Omar Guelleh, met en lumière les accusations portées contre son régime. Selon les critiques, cette politique maintient une partie de la population dans un état de vulnérabilité alimentaire chronique, empêchant tout développement économique et social.
L’ONU tire la sonnette d’alarme
L’ONU, à travers plusieurs de ses agences, a depuis longtemps pointé la gravité de la situation à Djibouti. Valérie Amos, cheffe du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), avait lancé un appel à l’aide internationale, soulignant que la majorité des familles djiboutiennes peinent à se nourrir correctement en raison de la flambée des prix alimentaires. La crise humanitaire touche aussi les enfants, particulièrement exposés aux risques de malnutrition.
Selon un rapport de l’UNICEF, deux enfants sur trois à Djibouti sont privés d’au moins un droit fondamental, qu’il s’agisse d’un abri, de l’accès à l’eau potable, à l’éducation ou aux soins de santé. Cette pauvreté infantile « abjecte », comme la qualifie le rapport, expose des milliers de jeunes vies à des menaces graves et à des conditions de vie précaires.
Des statistiques alarmantes
Action contre la Faim, une organisation internationale qui combat la malnutrition, a récemment publié des chiffres inquiétants concernant Djibouti. Environ 20 % des enfants du pays souffrent de retard de croissance, et un enfant sur six est touché par la malnutrition aiguë. De plus, plus de la moitié de la population djiboutienne vit dans des logements informels en périphérie des villes, souvent sans accès aux infrastructures de base.
Dans ce contexte, l’aide internationale devient cruciale pour sauver des milliers de vies. La FAO et le PAM, en collaboration avec d’autres organisations humanitaires, appellent à une mobilisation urgente pour lutter contre cette crise alimentaire qui menace de s’aggraver dans les mois à venir.
La situation alimentaire à Djibouti est critique et ne cesse de se détériorer. Alors que 19 % de la population est en situation d’insécurité alimentaire aiguë, des mesures urgentes doivent être prises pour éviter une catastrophe humanitaire de grande ampleur. Face à une politique gouvernementale accusée d’alimenter cette crise, la communauté internationale est appelée à intensifier son aide pour répondre aux besoins immédiats des populations les plus vulnérables.