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Siyyaru: Une frappe controversée qui cible des civils sous couvert de lutte antiterroriste

« L’opération militaire » menée par Djibouti à Siyyaru, Addorta, près de la frontière éthiopienne, soulève de graves questions sur l’utilisation du terme « terroriste » pour justifier des frappes indiscriminées contre des populations civiles Afars. Derrière les annonces officielles se cache une réalité plus troublante : la destruction d’une communauté et la stigmatisation de populations vulnérables sous prétexte de sécurité nationale.

La criminalisation de populations civiles Afars

Le terme « terroriste », brandi sans preuve tangible, sert ici d’outil rhétorique pour masquer la nature réelle des victimes. Qui étaient ces huit personnes « neutralisées » ? Où sont les preuves de leur implication dans des activités terroristes ? La seule présence dans une région frontalière contestée suffit-elle à justifier une exécution extrajudiciaire ? L’absence de transparence sur les cibles exactes et l’identification des victimes montre à quel point cette frappe pourrait relever davantage d’une élimination arbitraire que d’une véritable action antiterroriste.

Un contexte de répression et de contrôle

L’attaque s’inscrit dans un climat politique où toute opposition, tout mouvement indépendant ou toute population jugée marginale devient une cible facile. Depuis plusieurs années, les populations vivant dans les zones frontalières de Djibouti et de l’Éthiopie font l’objet d’une surveillance accrue et d’opérations militaires répressives. L’utilisation systématique du terme « base logistique terroriste » permet de justifier des interventions violentes et de réduire au silence des communautés entières.

Un mensonge justifié par la Peur

Qualifier ces frappes de « succès » sécuritaire revient à légitimer des exécutions sommaires sous couvert d’une guerre contre un ennemi mal défini. La peur du terrorisme est instrumentalisée pour étouffer toute contestation et dissimuler des opérations qui violent le droit international. Une frappe de drone ne permet ni procès équitable ni vérification indépendante des faits, transformant ainsi chaque victime en coupable désigné d’office.

Justice et Vérité : Une Nécessité

Plutôt que de se contenter de communiqués militaires opaques, il est impératif d’exiger une enquête indépendante sur cette frappe et ses véritables conséquences. La communauté internationale, les organisations de défense des droits humains et les médias doivent s’interroger sur la facilité avec laquelle des États peuvent étiqueter des civils comme terroristes pour justifier des frappes indiscriminées.

La sécurité nationale ne peut être un prétexte à l’impunité. Tant que les victimes resteront anonymes et que les accusations ne seront pas justifiées par des faits, ces frappes seront avant tout des actes de répression, et non des opérations légitimes contre une menace réelle.

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