Frappes de drone à Siyarou : un communiqué officiel qui soulève des interrogations

La déclaration du service de la communication de la présidence, notamment par Alexis Mohamed, qui consistait à nier complètement l’existence de cette attaque provoqua un tolé général de citoyens Djiboutien qui y voyaient une déshumanisation pure et simple des victimes et rescapés.

S’en est suivi, quatre jours plus tard, pour la première fois, le ministère de la Défense a publié un communiqué officiel reconnaissant une attaque ciblée. Selon ce document, l’opération visait « un site identifié comme une base logistique et opérationnelle utilisée par des éléments terroristes », entraînant la neutralisation de huit terroristes. Toutefois, le communiqué admet également des « dommages collatéraux », un abus de langage et une tentative de responsabilisation, pour désigner des victimes civiles.

Or, les témoignages des habitants de Siyarou, où l’attaque a eu lieu, dressent un tout autre bilan : huit civils tués, dont des femmes et des enfants, et plusieurs blessés. Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des corps mutilés, renforçant la colère et l’indignation face à ce drame.

Une violation du droit international ?

Face à cette situation, voici les propos recueillis, sur les réseaux sociaux d’une militante des droits humains, (Deynaba) qui rappellent les principes fondamentaux du Droit international humanitaire :

Elle explique qu’afin de présenter une justification qui prétexterait des « dommages collatéraux », il aurait fallu être en situation de guerre, avec la présence de groupes armes de force égale. Or, à ce jour aucune déclaration de guerre n’a été faite du gouvernement de la République de Djibouti. Et aucune présence d’un groupe armée bien constitué ne s’est manifesté.

Toutefois, une situation de guerre est régit par des règles stricts en Droit internationale. En voici un cas qui sied, à la déclaration du Ministère de la Défense de Djibouti

🔹 Principe de distinction :

  • Les forces armées doivent distinguer entre combattants et civils.

  • Les attaques ne doivent cibler que des objectifs des objectifs militaires.

🔹 Principe de proportionnalité

  • Une attaque est interdite si elle cause des pertes civiles excessives par rapport à l’avantage militaire recherché, ce qui est le cas ici.

🔹 Principe de précaution

  • Les parties au conflit doivent prendre toutes les mesures possibles pour éviter ou réduire les dommages civils.

Selon les témoignages de la population et déclaration des organisations de droits humains, manifestement, nous constatons que les seuls victimes présents sur le site sont des civils, nomades, en majorité femmes et enfants.

Un crime de guerre ? Ou, crime contre l’humanité ? Les deux ?

Selon le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI), toute attaque causant des pertes civiles excessives peut être qualifiée de crime de guerre. Une question essentielle se pose donc :

  • Djibouti est-il en guerre ? Officiellement, aucune déclaration de conflit n’a été faite.

  • Qui sont ces prétendus terroristes « neutralisés » ? Aucune preuve tangible n’a été avancée.

  • Quelles opérations logistiques ces individus étaient-ils censés mener ? Le gouvernement reste évasif sur ce point.

Un constat accablant

Le seul fait indéniable est que l’attaque a principalement touché des civils afars, en l’absence de toute reconnaissance formelle d’un état de guerre par Djibouti. Pire encore, ce sont les autorités éthiopiennes et la solidarité locale qui ont assuré les premiers soins aux victimes, illustrant une défaillance dramatique du gouvernement djiboutien.

Ce communiqué, loin d’apaiser les tensions, pourrait être perçu comme une reconnaissance de crimes contre l’humanité, et renforce la perception d’une politique de répression systématique et systémique des populations afars à Djibouti.

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