La Corne de l’Afrique est aujourd’hui le théâtre de rivalités croissantes entre plusieurs pays, dont l’Éthiopie, la Somalie, le Somaliland et l’Égypte. Ces tensions sont alimentées par des intérêts stratégiques liés à des enjeux hydriques, territoriaux et sécuritaires, faisant de cette région un véritable point de convergence de rivalités géopolitiques.
L’Éthiopie et le grand barrage de la renaissance : une menace pour l’Égypte
Au cœur des tensions se trouve le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne (GERD), un projet d’infrastructure majeur construit par l’Éthiopie sur le Nil Bleu. L’Égypte, qui dépend du Nil pour 90 % de son eau, considère ce barrage comme une menace à sa survie. L’Éthiopie, elle, voit dans le GERD une opportunité de développement énergétique et économique. Le manque de consensus sur la gestion des ressources en eau a provoqué une impasse diplomatique entre les deux pays. L’Égypte craint que le remplissage du barrage réduise le débit du fleuve, et les négociations avec Addis-Abeba restent bloquées, accentuant les tensions dans la région.
Le Somaliland : entre autonomie et partenariat avec l’Éthiopie
Le Somaliland, qui a déclaré son indépendance en 1991 mais n’est pas reconnu internationalement, joue un rôle crucial dans la géopolitique régionale. L’Éthiopie entretient des relations économiques et stratégiques avec le Somaliland, notamment à travers le port de Berbera, essentiel pour ses exportations en tant que pays enclavé. Le Somaliland, stable comparé à la Somalie, offre à l’Éthiopie un partenaire fiable dans la région pour diversifier ses routes commerciales. Cependant, cette coopération renforce indirectement les tensions avec la Somalie, qui ne reconnaît pas l’autonomie du Somaliland et voit ces relations comme une atteinte à son intégrité territoriale.
La Somalie : un terrain de rivalités
La Somalie, qui lutte contre l’insurrection d’Al-Shabaab et l’instabilité intérieure, est un terrain de rivalités pour l’Éthiopie et l’Égypte. L’Éthiopie intervient militairement en Somalie à travers la Mission de l’Union africaine (AMISOM) pour combattre le terrorisme, tout en essayant de maintenir une influence politique à Mogadiscio. L’Égypte, quant à elle, cherche à contrer l’influence croissante de l’Éthiopie en renforçant ses relations avec la Somalie. Elle vient de promettre un renforcement militaire avec un contingent destiné à atteindre 10 000 hommes. Le soutien égyptien vise à trouver un allié stratégique dans la région pour faire pression sur Addis-Abeba dans le cadre du conflit sur le GERD.
Ces tensions régionales, exacerbées par les rivalités hydriques et politiques, augmentent le risque d’escalade dans la Corne de l’Afrique. La Somalie et le Somaliland sont pris dans un jeu d’influences entre l’Éthiopie et l’Égypte, où les enjeux économiques et sécuritaires se mélangent à des conflits plus larges. Une solution diplomatique est essentielle pour stabiliser la région et éviter une détérioration de la situation, qui pourrait avoir des répercussions pour l’ensemble de l’Afrique de l’Est.